Original by Pierre Vinclair
aux morts du Corona
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La vie éclate en fleurs. Elles volent, puis tombent
au champ d’honneur, tôt foulées, mais c’est vivre encore
que de tomber et c’est un seul procès qu’éclore
en pétard qui explose et choir comme une bombe.
Nous le savons en contemplant, bourgeons, les fleurs
déjà fanées — tels des brouillons à la corbeille
où se lit qu’en l’horreur affleure la merveille —
et pourtant nous pleurons lorsque nos aînés meurent.
Je ne peux ranimer par un tour de magie
les défunts ; à défaut, j’agence une élégie
comme je passerais une journée au Père
Lachaise avec eux, communiant dans les lambeaux
d’un chant funèbre qui monte entre les tombeaux
au milieu des allées vides du cimetière.
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Au milieu des allées vides du cimetière
d’une autre ville, où mes aïeux sont enterrés,
je me promène en leur parlant sans espérer
que leur esprit ait survécu à la matière.
Les morts sont morts, mais leur souvenir émouvant
nous agite — regrets, remords qui font souffrir
sans nous laisser répondre — à peine leur offrir
ces cris domptés, écrits, qu’on fait lire aux vivants.
Je me promène ou j’imagine — confiné,
même à mon père on défend de se promener
dans la ville où reposent son père et sa mère —
un recueil de cailloux sur le bloc de granit
où gisent, poussiéreux, Bernard et Marguerite ;
je les assemble en un bouquet sur cette pierre.
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Je les assemble en un bouquet sur cette pierre
(de rosette…un sonnet sur une page Wor
d), d’aucune Église — mais l’empire de la Mor
t ne peut rien contre eux, ces quatorze vers de terre
se déplaçant en mouvements péristaltiques
(ils peuvent contracter leurs petites personnes
avec les muscles asynchrones des consonnes
s’ils les appuient sur les voyelles cœlomiques).
On dit que si l’on sectionne le lombricien
de nouveaux individus naissent de l’ancien.
Donc je le coupe en deux : la tête et la queue tombent
dans la cadence ; en trois ils jouent ; en douze ils crient ;
sur la pierre à quatorze et sans Église ils prient
dans le printemps silencieux comme une tombe.
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Dans le printemps silencieux comme une tombe
éclatent les bravos — tous les jeudis, vingt heures —
célébrant infirmiers, ambulanciers, docteurs
ébranlés, épuisés, éteints : le jour succombe,
Amaël et Noah bondissent d’allégresse
sur la terrasse, hurlant. Je reste confiné,
bougon, dans mon désir de ne pas cautionner
les Libéraux ayant saigné la NHS.
De même que le mieux est l’ennemi du bien
le héros est néfaste au soignant quotidien :
il transforme en valeur le surcroît de sa peine.
Mais derrière un discours qui s’expose et qui pose,
je voudrais en silence offrir une humble chose —
voici une couronne ; elle est tressée à peine.
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Voici une couronne, elle est tressée à peine
le confinement commencé — quand finira
-t-il ? comment finira-t-elle ? et nous reviendra
-t-il, le monde de l’exploitation à l’ancienne ?
Prudent comme le doigt qui déchiffre le braille,
le loup sort une patte. Libre sur la rivière,
la libellule tente une figure en l’air ;
insouciante, l’abeille, au lieu d’expirer, baille :
La Terre, en attendant la reprise, respire…
Prières
à ceux qui reviendront de l’empire
intérieur comme Ovide de l’exil avides
de vivre, et n’en reviendront pas de voir les fleurs
sourire,
de se souvenir que d’autres pleurent
pour ceux qui ne reviendront pas de ce covid.
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Pour ceux qui ne reviendront pas de ce covid
ou doivent l’air au respirateur qu’on leur branche,
je broie la branche verte ombrant ma feuille blanche,
et j’offre un vers de chlorophylle aux bronches vides :
je suis assis au pied d’un vieil eucalyptus
qu’escaladent Noah et Amaël — les jeux
d’enfants du Parc Gladstone ont fermé et, joyeux,
je cingle de sonnets le coronavirus.
J’hurle mes vers en vain aux veines sclérosées
et comme liquéfiant l’oxygène en rosée,
l’eucalyptus aussi penche sa branche humide —
mais nous pourrons toujours allonger notre geste,
nous n’apaiserons pas les pauvres vieux qui restent
seuls avec leurs poumons en feu, la chambre vide.
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Seuls avec leurs poumons en feu, la chambre vide,
se consumant avec l’hypoxique bougie
d’un bip-bip régulier, ils n’ont pas l’énergie
de s’informer en consultant les tabloïds :
le temps compte le tic-tac des disparitions
75 000 !!!, lit-on dans l’encyclique
du Guardian au contact de la mort putaclic —
BORIS JOHNSON PLACÉ EN RÉANIMATION.
Dans les rues Pimpompin, les ambulances rythment
le jour informe. Au C. H. U., les algorithmes
des respirateurs chuchotent, de leur haleine
binaire, des calculs de souffle dans les poum
ons : l’ordinateur fait la vie, tient le boum-boum
du cœur privé d’amour par le sang d’oxygène.
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Du cœur privé d’amour par le sang d’oxygène
jamais ne connaîtra ce sonnet la douleur,
l’haleine de la fièvre essoufflant les rengaines
de larmes, flétrissant de peur la peau de fleur
fripée des poitrines fanées…
— Hein ?
— Quoi ?
— Dit-on
cela aux suffocants presque déjà statiques ?
À quoi bon cette poésie de mirliton
pour qui meurt seul, sous un linceul de statistiques ?
— Je ne sais. Mais je sais que son respirateur
numérique est branché à mon ordinateur
via un serveur de Data center : lieu commun.
Or, sinon rêvasser pour les faire danser
en processions codées de 0 et de 1,
que peut-on pour ces noms déjà presque effacés ?
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Que peut-on pour ces noms déjà presque effacés
alors que les enfants, dans les petits confins
d’un giron exigu, le visage froissé,
sont prêts à révéler le leur ? Dans ton couffin
de chair, chante, babillard, chante ! Areuh-areuh
contre ton placenta, capiton bouffe-cris !
Plutôt que déplorer la mort des malheureux
étouffés, je t’haut-parle en ce poème-ampli !
Sois bienvenu dans le chaos, neveu ou nièce !
Tu pleureras, hors du ventre de ta maman —
ma sœur — d’être exilé de ton confinement :
je t’accueille en cet hôpital — dans une pièce
de ce livre ! Nous ridiculiserons ces
« la poésie ne vaut pas mieux qu’une pensée » !
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La poésie ne vaut pas mieux qu’une pensée
et la pensée ne peut pas plus que le silence
(dont jamais on ne parle bien, quand on y pense
(et moins encor quand on arrête d’y penser)).
Pour m’adresser aux morts mais sans l’extravagance
de leur parler, je voudrais bien manigancer
un théâtre fou d’ombre aux mots sachant danser
dans un frisson, silencieux, plein d’élégance.
Mais les lignes toujours s’embarrassent de sens —
même leur retenue dégorge l’insolence
de l’enfant infernal, sous son déguisement
de fée. Je voulais chuchoter sur cette page,
mais ce recueillement est encore un message
qui crie : prière aux morts, aux vivants testament.
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Qui crie : Prière aux morts, aux vivants testament,
aux communiants hosties, missel, vin de calice,
attestation aux confinés — confinement,
confinement !? Confinement !? C’est la police.
Qui punit le mensonge avec des coups ? Qui ment ?
Qui gaze ? Qui flashballe et inflige un supplice
aux soignants désarmés ? Le préfet Lallement !
Qui ne fait pas de sentiment ? C’est la police !
Qui crie : Poètes, vos papiers !?
Euh…le poète !
Quant à nous, plutôt que jouer les fortes têtes,
essayons que nos vers tels des virus agissent
(si police de la poésie un jour lit)
sans être vus, leur microscopique délit
à moins que ce Blow-up de mots ne nous trahisse.
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À moins que ce Blow-up de mots ne nous trahisse
(le meurtre est figuré dès le second poème :
on m’y tousse dessus, cough! cough! cough! ; au cinquième
apparait dans ma gorge un félin qui s’hérisse
en un tigre ; au huitième, un cauchemar me fait
délirer ; le dixième offre le diagnostic ;
au onzième, fiévreux, au treizième anosmique,
je ne guéris enfin qu’au quinzième sonnet),
nous nous serons trouvés comme deux mains qui tremblent
se rejoignant à travers ce parloir discret
un sprachgitter sans postillons — dans le secret,
aimés peut-être ! Oh, cher lecteur, chère lectrice,
nous aurons en tout cas manigancé ensemble
un crime dans ce drame — un sens au sacrifice.
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La chanson qui traverse un monde ténébreux,
C’est le cri d’un marlou porté par ta musique.
Jean Genet
Un crime dans ce drame, un sens au sacrifice
des allitérations, phrases faisant le faux-
nez d’une sérénade au doigté des complices
jouant à chat de la guitare sur les mots.
Dans la prison (donnant sur une cour carrée
qui s’est vue transformée soudain en cimetière),
un flamenco s’échappe aux fenêtres barrées
faisant danser les prisonniers, pleurer les pierres :
le coupable fredonne un air dans sa cellule
sans se soucier des surveillants par trop crédules
qui le prennent au mot : il ment et il se ment,
ce n’est qu’un condamné (qui, pour laisser sa voix
jouer avec sa peine, y entend de la joie)
dans la folie de son étroit confinement.
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Dans la folie de son étroit confinement,
la graine du platane a traversé l’hiver
pour côtoyer les nouvelles pousses, couver
tes de poils marron ; de la chambre des enfants,
dont la fenêtre m’en sépare et me l’expose,
le monde m’apparait comme un vaste bouquet
de saules pleureurs verts, de Bobbies en gilet
jaune fluo, de cerisiers mauves ou roses.
« Lorsque Sindbad parvint à sortir de la tombe
où il fut mis vivant…» Sur leur lit minuscule,
Amaël et Noah forment un glomérule
autour de moi. Soudain, je referme le livre ;
se déployant comme un oiseau d’un coup d’aile ivre,
la vie éclate en fleurs. Elles volent, puis tombent.
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La vie éclate en fleurs. Elles volent, puis tombent
au milieu des allées vides du cimetière ;
je les assemble en un bouquet sur cette pierre —
dans le printemps silencieux comme une tombe.
Voici une couronne ; elle est tressée à peine
pour ceux qui ne reviendront pas de ce covid,
seuls avec leurs poumons en feu, la chambre vide
du cœur privé d’amour par le sang d’oxygène.
Que peut-on pour ces noms déjà presque effacés ?
La poésie ne vaut pas mieux qu’une pensée
qui crie — prière aux morts, aux vivants testament —
à moins que ce Blow-up de mots ne nous trahisse
un crime, dans ce drame : un sens, au sacrifice,
dans la folie de son étroit confinement.
Translation by Joshua Ip
for the corona dead.
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Life bursts in blooms. They fly, and fall, and lay
down on the field of honor to be trampled.
but falling is still life, whether the sample
bursts like a firework or bombs like a spray
of buds. We know this as the blossoms fade –
we contemplate the bin of balled-up drafts
that read of horrors past mere wonder’s craft –
yet we shed tears when elders pass away.
I have no magic trick to raise the fallen,
failing which, I merely join the call-and-
response of memory and prayer, of half
a day at Père-Lachaise, where my commun-
al-elegy still drifts beyond the tombs
between the empty cemetery paths.
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Between the empty cemetery paths
of another town, my forebears are interred.
I walk and talk with them, my ancestors –
no chance their souls survived the aftermath.
The dead are dead, but their fond memories
still stir – regrets, indebted suffering
without hope of reply – bare offering,
these tame, contextual pleas for our contemporaries.
I take a walk, or I imagine one –
even my father is denied the run
of the city where his father, mother lay –
loose pebbles strewn across the granite block
where Marguerite and Bernard rest in chalk.
On this stone, I gather them in a bouquet.
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On this stone, I gather them in a bouquet –
(Rosetta sonnet for a page of wor-
ds) Yet no church, and no empire on ear-
th can trouble these fourteen annelidae
traversing as if peristalsing bowels
(they tighten tiny worm embodiments,
their asynchronous muscle-consonants
and pulling forth their coelomic vowels).
It’s said that when you cut a worm in two
from one dead past, two new life-lines begin.
Here’s a caesura: phrases fall in half,
Here’s more, lost feet, new phrases, worms denoue-
ment now fourteen-in-one: left squiggling in
spring’s silence is an empty epitaph.
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Spring’s silence is an empty epitaph
but for the cheers – each Thursday, 8pm –
for the nurses, paramedics, doctors. See them,
shaken, drained of vigour, understaffed.
The day succumbs. Amaël and Noah bless
with leaping mirth the terrace. I, indoors,
brood to myself, declining to endorse
the Tory bleeding of the NHS.
As perfect is the enemy of better,
so do heroes shame care-givers and -getters
turning their excess pain to value-added.
But after all my posing, self-exposing,
my silence offers, humbly enclosing –
here is a crown; its tresses barely braided.
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Here is a crown; its tresses barely braided
at the quarantine’s commencement – so when will
it end? How will it end? And will it still
return for more? The old ways, faded, jaded.
Careful, as if laying finger on
a page of Braille, the wolf pulls out a paw,
a dragonfly, free on the river, yaws
a figure in the air; bee, carefree, yawns:
the Earth, while waiting for reprieve, respires…
Please,
exiles coming home from your empire’s
interior, Ovidesque, eager again
to live, all you amazed on your return
to see the smiling shoots,
know others mourn
for those who won’t survive this pathogen.
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For those who won’t survive this pathogen
or owe their breath to a respirator’s throes,
I grind the green branch at my blank sheet’s origin
for a chlorophyll verse to their empty bronchioles:
I sit beneath the eucalyptus, un-
der where Amaël and Noah climb, emerge –
the children’s games of Gladstone Park are done,
so I lash the virus with my sonnet-scourge.
I hurl my verses at sclerotic veins
as liquefying oxygen to dew,
and these extended motions, all in vain,
as the eucalyptus leans its wet branch, shaded –
nothing we do can soothe the aged few
alone with lungs on fire, rooms blockaded.
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Alone with lungs on fire, rooms blockaded,
consumed with the candle-flickering of breathing
to the regulator’s beep, who has the bleeping
energy to read the rags unaided?
Time counts each tic-tac tick-tock as it passes.
75k !!!, the papal circular:
the Guardian and its chattering clickbait classes –
BORIS JOHNSON IN A RESPIRATOR
The blipping ambulances punctuate
the streets. At CHU, the algorithms
of respirators chuff and insufflate
in binary, counting each lub-dub spasm:
the computer makes life, keeps the va-va-voomin’
heart starved of love, blood starved of oxygen.
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Heart starved of love, blood starved of oxygen
can’t sound this sonnet, won’t discern such deathless
dolour, fever-breath gets sob-songs breathless,
the chills, and still these fading blooms unbidden
‘pon countless countesses’ stressed breasts…
— Huh?
— what?
— You say what to the half-dead, half-choked static?
What good is this indulgent floral shite
For he who dies alone, veiled in statistics?
— I don’t know. But I know his electronic
respirator links with my tapping keys
via a data center’s common splice.
If not my dream binary-dance, these chronic
ill hovering between 0 and 1, for these,
what’s to be done – their names almost excised?
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What’s to be done – their names almost excised
while infants, in the tiny habitat
of a cramped abdomen, crinkle-crumple-guised,
are ready to show theirs? In your bassinet
of beef, sing, babbler, sing! Gaa-gaa-gaa-goo-goo
within your placenta, you muffled microcosm!
Rather than mutter mourning for the dead, I gook you
gobbledy-loudspeak through this poem/PA system!
Welcome to chaos, niece or nephew mine!
You’ll scream, from the belly of your mom, my sis –
for discharge from your holding cell, our kin:
Welcome to my hospital – a room within
a book! Oh my, what fun we’ll have with this
“a thought of tears is better than a rhyme”!
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A thought of tears is better than a rhyme –
though thought cannot be greater than a hush
(which we don’t talk that well about, or much,
(and less so when we don’t give it the time)).
To speak the dead sans the extravagance
of speaking to them, I would plan perchance
a shadow-play with words that know the dance
enthralled and thrilled, silent in elegance.
But how the lines rattle themselves with meaning –
how even holding back, they unearth rage
from that wild child decked in his fey disguise.
For all I yearned to whisper on a page
this quiet concentration still a keening:
prayers for the dead, succor for those alive.
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“Prayers for the dead, succor for those alive,
Who shouts that? And: “To Christians, hosts and wine;
from the confined, your papers!” – Fine? Confine?
Confinement? It’s the police! Who rewards lies
with blows? Who lies? Who sprays gas in your eyes?
Whose flashballs hit the face? Who levies grief
on unarmed caregivers? The Paris Chief!
Who doesn’t give a shit? It’s the police!
Who shouts: “Poet…your papers!?”
– Er…the poet!
As for us, now’s not the headstrong time,
let’s essay verses sly as viruses:
(and if the poe-po deign to spy on us)
invisible, each microscopic quote,
unless this word-bound Blowup shows the crime.
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Unless this word-bound Blowup shows the crime,
(the murder figures from the second shift:
I plead, I’ll cough on it, ahem, the fifth
invites into my throat a tame feline
bristling into a tiger; eighth, hysteric
nightmare; the tenth poem, a diagnosis;
eleventh, fever; thirteenth; I can’t smell this;
I don’t recover till the fifteenth lyric),
We find ourselves, two trembling hands that meet a
cross the Sprachgitter’s discreet blockade
hygienic – yet we met, covert device,
and perhaps loved! Oh reader, my dear reader,
in any case, regard what we have made
of this tragedy – what sense? – of sacrifice.
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The song that crosses a blackened world
is the cry of a pimp carried by your music.
Jean Genet
Of this tragedy – what sense? – of sacrifice,
save these alliterations, phrases slurred
like this false serenade tries to entice
to play at catch, or guitar, or on words.
In the prison (overlooking a square yard
abruptly made into a cemetery),
flamenco makes escape from windows barred
convicting convicts to ply the masonry,
to dance: the culprit hums within his cell
an air, disdaining the unwary wardens
who take him at his word: and he deceives
and self-deceives, a captive (belting breves
against the sorrow, casting off his burdens)
in the madness of these sentences’ confines.
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In the madness of these sentences’ confines,
the plane tree’s seed has travelled through the winter
to rub shoulders with shoots, all porcupined
with brown hairs; looking from the children’s window
which serves to both dissociate and disclose,
the world’s a huge corsage of greening willows
weeping, vested bobbies neon yellow,
and cherry trees bedecked in mauve and rose.
“When Sindbad fled the cavern where the villain
buried him alive…” In their bed-nook,
Amaël and Noah form a small bouquet
around me. Suddenly I close the book;
as if Mallarme’s swan, its’ wing-blow reeling,
life bursts in blooms. They fly, and fall, and lay.
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Life bursts in blooms. They fly, and fall, and lay
between the empty cemetery paths;
on this stone, I gather them in a bouquet –
spring’s silence is an empty epitaph.
Here is a crown; its tresses barely braided
for those who won’t survive this pathogen
alone with lungs on fire, rooms blockaded,
heart starved of love, blood starved of oxygen
What’s to be done – their names almost excised?
A thought of tears is better than a rhyme –
prayers for the dead, succor for those alive –
unless this word-bound Blowup shows the crime,
of this tragedy – what sense? – of sacrifice
in the madness of these sentences’ confines.
Joshua Ip is a poet, editor, and literary organiser. He has edited nine anthologies and written four poetry collections, most recently footnotes on falling (2018). He has won some awards. He co-founded Sing Lit Station, an over-active literary charity that runs community initiatives including SingPoWriMo, poetry.sg and several workshop groups. His website: http://www.joshuaip.com.
Pierre Vinclair is a French writer, born in 1982.
He lived in Asia for almost 10 years: first as a writer-in-residence in Kyoto, then as a teacher in Tokyo. He moved to Shanghai in 2011, where he taught philosophy and finished his Ph.D. After Singapore (2017-2019), he now lives in London. He has published over 16 books in French, including works of poetry, fiction, and literary criticism. Les Gestes impossibles (Flammarion, 2013) received an award from the French Academy (Académie française). Another has been translated into English by Andria Spring and Jean-Yves Vesseau under the title A New Celebration: Portrait(s) of Chongqing, and is illustrated by photographer Patrick Wack. His latest book, La Sauvagerie, is a 500 ten-line poems project on wildness, featuring 50 contemporary poets.
He has translated Basil Chamberlain’s Kojiki (2011) and Derek Walcott’s Morning, Paramin (2016) into French, and wrote a philosophical investigation into T. S. Eliot’s The Waste Land (2018). His French translation of the Chinese Shi Jing was recently released.
He is the chief editor of Catastrophes, a free, online, monthly French poetry magazine that specializes in poetic series, as well as translations from English, Mandarin, Italian and Spanish.